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ÌÅÍÞ
| Claude MonetCe fut en 1869 seulement que je le revis, mais pour entrer dans son intimité aussitôt. Dès la première rencontre il m'invita à venir le retrouver tous les soirs dans un café des Batignolles où ses amis et lui se réunissaient, au sortir de l'atelier, pour causer. J'y rencontrai Fantin- Latour et Cézanne, Degas, qui arriva peu après d'Italie, le critique d'art Duranty, Emile Zola qui débutait alors dans les lettres, et quelques autres encore. J'y amenai moi-même Sisley, Bazille et Renoir. Rien de plus intéressant que ces causeries, avec leur choc d'opinions perpétuel. On s'y tenait l'esprit en haleine, on s'y encourageait à la recherche désintéressée et sincère, on y faisait des provisions d'enthousiasme qui, pendant des semaines et des semaines, vous soutenaient jusqu'à la mise en forme définitive de l'idée. On en sortait toujours mieux trempé, la volonté plus ferme, la pensée plus nette et plus claire. La guerre vint. Je venais de me marier. Je passai en Angleterre. Je trouvai à Londres Bonvin, Pissarro. J'y connus aussi la misère. L'Angleterre ne voulait pas de nos peintures. C'était rude. Un hasard me fit rencontrer Daubigny, qui naguère m'avait témoigné de l'intérêt. Il exécutait alors des vues de la Tamise qui plaisaient beaucoup aux Anglais. Ma situation l'émut. "Je vois ce qu'il vous faut, me dit-il ; je vais vous amener un marchand". Je faisais la connaissance, le lendemain, de Durand-Ruel. Et Durand-Ruel, pour nous, fut le sauveur. Pendant quinze ans et plus, ma peinture et celle de Renoir, de Sisley, de Pissarro n'eurent d'autre débouché que le sien. Un jour vint où il lui fallut se restreindre, espacer ses achats. Nous croyions voir la ruine : c'était le succès qui arrivait. Proposés à Petit, aux Boussod, nos travaux trouvèrent en eux des acheteurs. On les trouva tout de suite moins mauvais. Chez Durand-Ruel, on n'en eût pas voulu ; on prenait confiance chez les autres. On acheta. Le branle était donné. Tout le monde veut tâter de nous aujourd'hui. Claude Monet Propos recueillis par Thiébault-Sisson Publié le 26 novembre 1900 dans le journal "Le Temps" Illustrations originales de Maxence Thiberge [pic] Le nom de Monet est étroitement lié à l'histoire de l'impressionnisme, à sa genèse, à son évolution, à sa conclusion : C'est là son premier titre de gloire. Qu'est ce que l'impressionnisme : Plus qu'une école, l'impressionnisme définit une recherche commune : il s'agit, non plus tant de rendre compte de la permanence et de la stabilité de la réalité, mais bien plutôt d'exprimer la nature (et notamment les paysages) dans ce qu'elle a de mouvant, de transitoire. Techniquement, cette approche se traduit par la fragmentation et la juxtaposition des couleurs primaires et de leurs complémentaires, procédés visant à produire des "vibrations colorées". Son origine : Le mot impressionnisme pour définir cette période de l'art est issu d'une peinture de Monet nommée impression, soleil levant. Celle-ci a été peinte au Havre. En effet à la suite d'un article paru dans le Charivari où Louis Leroy prenait pour cible le tableau de Monet, en le taxant ironiquement d' "impressionniste", le terme fut retenu dès lors par le groupe de peintres incriminé et par la critique. Les paysages : Monet est connu entre autre pour ses splendides paysages. Les impressionnistes préfèrent peindre la nature bucolique et la campagne au paysage gris et noir des villes. Ainsi peuvent exploser les couleurs. L'obsession de la lumière : Monet observe l'instantanéité : C'est-à-dire la même lumière répandue partout. Ses premiers tableaux portant sur la lumière sont des meules de foin normandes à différents moment de la journée et de l'année (ces tableaux remporteront un énorme succès). S'ensuit des séries d'études sur la cathédrale de Rouen et sur son jardin à Giverny. [pic] En quelques mots... En dehors de quelques voyages, le grand représentant de l'impressionnisme n'a jamais vraiment quitté les boucles de la Seine, depuis son enfance au Havre, sa jeunesse à Paris, puis la fréquentation assidue de Bougival et d'Argenteuil, jusqu'à son installation à Giverny. De la caricature à la peinture d'après nature De la caricature à la peinture d'après nature Le peintre de plein air Eugène Boudin ayant, vers 1858, remarqué les talents de caricaturiste de Claude Monet, invite celui-ci à travailler «sur le motif». C'est une expérience décisive pour le jeune homme. L'année suivante, Monet quitte Le Havre, où il a passé son enfance et sa jeunesse, pour se rendre à Paris. Les encouragements du peintre animalier Constant Troyon (1810-1865) décident Claude Monet à prolonger son séjour dans la capitale. Il refuse toutefois de s'inscrire à l'atelier de Thomas Couture (1815-1879) et choisit l'enseignement de l'Académie suisse, où il rencontre Camille Pissarro. Après deux années de service militaire accompli en Algérie, Monet, de retour à Paris, entre en 1862 dans l'atelier du peintre Charles Gleyre. Comme Boudin l'avait incité à peindre en plein air, il persuade à son tour ses condisciples Frédéric Bazille (1841-1870), Renoir et Sisley de le suivre en forêt de Fontainebleau. Au mois de mai 1864, Bazille se joint à lui pour travailler sur les côtes normandes, en compagnie de Boudin et du Hollandais Jongkind (1819-1891). L'aurore impressionniste Pour Monet la peinture est une occupation obsessionnelle, à laquelle un artiste doit tout sacrifier. Le travail de ses débuts, bien qu'en rupture avec la peinture d'atelier, laisse apparaître un certain nombre d'influences: la manière de Corot est visible dans le Pavé de Chailly (1865), la leçon de Boudin et Jongkind soigneusement mise à profit dans la Jetée de Honfleur (1864) et l'exemple de Manet fidèlement suivi dans Camille Monet au petit chien (1866). Monet opère avec Femmes au jardin (1867) une rupture avec la représentation «classique» du paysage qui était traditionnellement attachée à la transposition d'un état d'âme; cette peinture traduit immédiatement, c'est-à-dire sans la médiation d'intentions «romantiques», un instant fugitif de l'éclat de la nature au printemps. Cette ?uvre, qui relève encore de la technique de Manet, fut refusée au Salon de 1867, et achetée par Bazille pour aider Monet (en juin 1868, Monet, dans la misère, tentera de se suicider). On peut voir aussi dans cette toile la recherche «impressionniste» d'une atmosphère directement saisissable. L'apparence et la réalité L'hiver 1868-1869, Monet, au cours d'un séjour à Étretat, peint l'un de ses nombreux paysages de neige, la Pie , où l'oiseau n'est qu'une ponctuation se détachant sur la toile envahie d'une multitude de «blancs» différents. Au cours d'un séjour à Bougival, l'été 1869, Monet travaille en compagnie de Renoir. Les deux peintres, rendant systématique le principe de la division des tons (Monet: la Grenouillère), inaugurent la vision nouvelle qui bientôt fait école. À la fin de l'année 1870, Monet rejoint Pissarro à Londres, où le paysagiste Daubigny le présente au marchand de tableaux Paul Durand-Ruel. Durant son séjour en Angleterre, il exécute d'admirables paysages de brume, dont le Parlement de Londres (1871). Après un passage en Hollande, où il se rend acquéreur d'estampes japonaises qui lui révèlent des procédés audacieux de cadrage, Monet regagne la France en 1871, peu après la fin de la guerre. Dans les derniers jours de la même année, il s'installe à Argenteuil, créant dans cette petite commune des bords de la Seine le véritable foyer du mouvement impressionniste. Son tableau Impression, soleil levant (musée Marmottan, Paris), peint en 1872 au Havre, est la cible de l'exposition de groupe organisée le 15 avril 1874 chez le photographe Nadar. Même dans ses paysages urbains (série des vues de la Gare Saint-Lazare , 1876-1877), Monet exerce sa vision sur ce qu'il appelle un «maximum d'apparences, en étroites corrélations avec les réalités inconnues». Giverny En 1878, le peintre s'installe à Vétheuil avant de s'établir définitivement, cinq ans plus tard, à Giverny, où il résidera jusqu'à la fin de sa vie. À l'issue d'un séjour dans le Midi, en 1888, il expose à Paris Dix marines d'Antibes, pour lesquelles Mallarmé lui manifeste son admiration: «Il y a longtemps que je mets ce que vous faites au-dessus de tout, mais je vous crois dans votre plus belle heure.» Après la série des Peupliers et des Meules exécutée en 1890-1891, Monet peint, dans un souci de plus en plus marqué de la lumière et des apparences fugitives de l'instant, la série des Cathédrales de Rouen (1892-1894). Les séries On ne saurait attacher trop d'attention à ce travail par séries dans la production de la maturité de Claude Monet. D'une série à l'autre, une progression apparaît à la fois dans le principe (un schéma de composition de plus en plus uniforme à l'intérieur de chaque série) et dans le choix du sujet : aux motifs naturels (peupliers, meules), insignifiants et interchangeables que lui fournissent les environs de Giverny, succède celui d'une architecture sacrée, unique, illustre et immuable, la façade de la cathédrale de Rouen. En entreprenant ces séries, puis en les sacralisant en quelque sorte par le choix d'une cathédrale célèbre, Monet confère une dignité supérieure au principe impressionniste fondamental : : l'analyse des variations de la lumière n'est pas seulement bonne pour représenter des promeneurs à la campagne ou des pêcheurs au bord de l'eau. Par une démarche qui annonce celle des peintres philosophes comme Kandinsky ou Malévitch, une intention théorique, presque éthique, prend ici le pas sur l'exécution. Plus encore que celle des Meules, la série des Cathédrales, puis celle, en très grand format, des Nymphéas constituent un fait pictural nouveau : ce sont des ?uvres où l'intention passe avant le souci de la représentation. Un peu avant 1900, et jusqu'à la fin de sa vie, Monet s'attache en effet à prendre comme seul motif le bassin aux nymphéas de son jardin de Giverny. Dans une souveraine indifférence au sujet, les variations sur le thème du plan d'eau portent jusqu'aux extrêmes limites de ses conséquences la «manière impressionniste». Cette prodigieuse série de Nymphéas , commencée en 1916 et achevée l'année même de la mort du peintre, est un don à l'État. En 1927, les huit grandes compositions sont installées à l'Orangerie des Tuileries. Les grands Nymphéas peuvent être aujourd'hui regardés comme l'une des plus étonnantes représentations picturales du «flux incessant des idées songeuses, sauvages, non retenues et à vrai dire non pensables» (Francis Ponge). Les travaux de Monet Claude MONET fut un artiste professionnel : non seulement il n'a jamais eu d'autre source de revenus que la peinture mais il a interprété sa vie entière en peinture. Elève au collège du Havre il vend autour de lui des caricatures de ses professeurs et des notables de la ville. Puis du bonheur de la vie familiale au drame de la mort de sa femme Camille, tout devient sujet. Il semble qu'il lui est impossible d'exprimer autrement ses émotions que sous la forme d'une oeuvre d'art. Et quel Art ! Il aborde très vite (dès 1864) son modèle principal, l'extérieur et il y est encouragé par Eugène Boudin. | | | | |"Le Déjeuner |[pic] | | |sur l'Herbe" |"Le Déjeuner sur l'Herbe" | | |(130 x 181 cm)|Claude MONET 1865 | | |est son |Ses amis peintres Bazille et Lambron sont ses modèles | | |premier chef |masculins, Camille Doncieux y apparaît pour la première | | |d'oeuvre. |fois. | | |Du "Déjeuner |"Je ne pense qu'à mon tableau, et si je savais le manquer,| | |sur l'herbe" |je crois que j'en deviendrais fou." | | |de Manet qui |Claude Monet | | |avait fait | | | |scandale au | | | |Salon en 1863,| | | |Monet reprend | | | |le thème et la| | | |façon. | | | |Il travaille | | | |en atelier | | | |d'après des | | | |croquis faits | | | |dans la | | | |nature. | | | |A cette époque|[pic] | | |Monet qui a |"Terrasse à Sainte-Adresse" | | |épousé Camille|Claude MONET 1867 | | |et vit à Paris| | | |revient | | | |souvent au | | | |Havre près de | | | |sa famille. Il| | | |commence à | | | |être connu et | | | |se met ainsi à| | | |l'abri des | | | |critiques | | | |parisiens qui | | | |entretiennent | | | |sa rivalité | | | |avec Manet. | | | |"Plus je vais | | | |plus je | | | |regrette le | | | |peu que je | | | |sais. C'est | | | |cela qui me | | | |gêne le plus, | | | |c'est | | | |certain." | | | |Claude Monet | | | |Claude et |[pic] | | |Camille MONET |"La Pie" | | |ont maintenant|Claude MONET 1869 | | |un fils : |Musée d'Orsay, Paris | | |Jean. Lorsque | | | |l'hiver arrive| | | |la petite | | | |famille | | | |s'installe à | | | |Etretat. Là, | | | |Claude Monet | | | |peint la mer | | | |mais aussi la | | | |campagne de | | | |l'arrière pays| | | |normand. | | | |"Je vais dans | | | |la campagne | | | |qui est si | | | |belle ici, que| | | |je trouve | | | |peut-être plus| | | |agréable | | | |encore l'hiver| | | |que l'été." | | | |Claude Monet | | | | |Monet est rentré à Paris mais la guerre menace. Comme | | | |beaucoup de ses amis peintres il s'exile alors d'abord à | | | |Londres puis en Hollande où il fera l'acquisition de ses | | | |premières estampes japonaises. Lorsqu'ils rentrent en | | | |France Monet et les siens s'installent à Paris. En janvier| | | |1872 ils déménagent à Argenteuil. Dès les premiers beaux | | | |jours Monet réalise ce portrait qui représente sans doute | | | |Camille. | | |Monet avait |[pic] | | |d'abord appelé|"Impression, soleil levant" | | |ce tableau |Claude MONET 1873 | | |représentant |Musée Marmottan, Paris | | |le port du | | | |Havre au petit| | | |matin | | | |"Marine". Mais| | | |comme Edmond | | | |Renoir | | | |réclamait un | | | |titre plus | | | |précis pour | | | |l'inscrire au | | | |catalogue de | | | |l'exposition | | | |de 1874 chez | | | |le photographe| | | |Nadar, Claude | | | |Monet lui | | | |répondit : | | | |"Mettez donc | | | |Impression, | | | |soleil | | | |
ÈÍÒÅÐÅÑÍÎÅ | |||
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